Dans une offensive marketing inédite, Toyota et Maruti Suzuki exploitent pleinement les exonérations fiscales récemment accordées dans l’Uttar Pradesh, l’État indien le plus peuplé. Ces mesures incitatives, qui ont suscité une certaine désapprobation parmi leurs concurrents, visent à stimuler la commercialisation des voitures hybrides en profitant des réductions fiscales.
La décision d’exonérer les véhicules hybrides des taxes a provoqué des remous dans le secteur automobile indien. Tandis que des acteurs comme Tata Motors, Mahindra & Mahindra et Hyundai expriment leurs préoccupations quant à l’impact négatif sur les ventes de véhicules électriques purs, Toyota et Maruti Suzuki surfent sur la vague des économies offertes. Leur lobbying pour la suppression de ces exonérations a échoué le mois dernier, mais ils redoublent d’efforts pour maximiser leur avantage dans un marché qui représente un dixième des ventes de voitures en Inde.
Dans les showrooms de Sunny Toyota à Lucknow, les équipes de vente sont mobilisées pour contacter les clients ayant visité les concessions ces six derniers mois. Les arguments mettent en avant les économies significatives possibles : 15 800 dollars pour le modèle haut de gamme Toyota Vellfire et 5 200 dollars pour la berline Camry.
Les annonces sur Instagram encouragent les consommateurs avec des messages tels que : "Économisez beaucoup… Commandez maintenant et recevez votre véhicule hybride livré directement à votre porte."
Cette campagne survient après que Toyota ait remporté une victoire cruciale en matière de lobbying, obtenant ainsi une exonération fiscale qui permet une réduction d'environ 10 % sur les véhicules hybrides. Actuellement, les véhicules électriques bénéficient d'une taxe fédérale de 5 %, tandis que les hybrides sont taxés à 43 %, contre 48 % pour les voitures à essence, les taxes d’État restant additionnelles et variables selon les régions.
À l’échelle mondiale, Toyota privilégie les hybrides, qui allient moteurs à essence et batteries, plutôt que les véhicules entièrement électriques. Cette stratégie semble judicieuse dans un contexte où les préoccupations liées aux infrastructures de recharge et aux coûts élevés freinent la demande pour les véhicules électriques, alors que les ventes de voitures hybrides connaissent une reprise.
Dans l'Uttar Pradesh, les concessions Toyota et Maruti Suzuki signalent une forte augmentation des demandes d'informations sur les hybrides. Les objectifs de vente sont ambitieux, avec une pression accrue pour atteindre au moins 250 voitures hybrides vendues par mois. Les concessionnaires sont donc encouragés à rediriger leurs efforts de vente vers ces modèles plus rentables.
Rahul Bharti, directeur exécutif des affaires générales chez Maruti, note que les demandes de renseignements ont "presque doublé depuis l’octroi des avantages fiscaux". Les publicités en ligne, notamment sur WhatsApp, abondent avec des slogans tels que "Profitez de l’offre de taxe routière nulle" et "Dites adieu au diesel".
Au showroom Sunny Toyota, les vendeurs ciblent également les clients intéressés par des modèles à essence ou diesel, les incitant à opter pour des hybrides plus coûteux grâce aux exonérations fiscales. Certains recommandent même une action rapide, les incertitudes planant sur la durée du programme.
"Personne ne sait combien de temps durera le programme", indique Praveen Saxena, directeur des ventes d’une concession Toyota à Kanpur, soulignant une augmentation de 50 % de ses ventes de véhicules hybrides depuis l’instauration des exonérations fiscales.
K.S. Dhatwalia, ancien fonctionnaire indien, a ainsi choisi d’acquérir une Toyota hybride Hyryder, motivé par les avantages fiscaux et la réduction de la pollution.
