Le 15 octobre en France, La Poste, via Colissimo, a officialisé un partenariat avec Temu, la plateforme chinoise d’e-commerce, visant à faciliter la logistique pour les vendeurs français présents sur le site. Le protocole prévoit notamment la collecte, la livraison nationale et internationale, ainsi que des solutions pour l’export vers d’autres marchés.
Pour l’entreprise publique, cet accord s’inscrit dans une démarche de modernisation et d’innovation logistique, présentée comme compatible avec une stratégie de croissance responsable. « Nous proposons des solutions efficaces et durables pour les vendeurs et les consommateurs », a affirmé Sanae Murschel, vice-présidente des ventes internationales de Colissimo.
Une décision critiquée
Le partenariat a rapidement suscité la controverse. L’Alliance du Commerce et Procos ont dénoncé un accord jugé « dangereux » pour les commerçants locaux, pointant les avantages tarifaires dont bénéficient Temu et autres plateformes asiatiques. Ils appellent le gouvernement à instaurer de droits de douane sur les petits colis, à renforcer les contrôles et à rétablir une concurrence équitable avec les acteurs français.
L’accord interpelle également sur le plan écologique et sociétal : comment concilier une logistique dite « verte » avec la distribution de produits à bas prix et à durée de vie courte, emblématiques de l’ultra fast fashion ? Des voix du commerce solidaire, comme Maud Sarda (Label Emmaüs), ont interpellé La Poste sur LinkedIn, regrettant que des partenariats avec des initiatives locales durables ne soient pas privilégiés.
Un contexte tendu pour les géants asiatiques
Temu rejoint ainsi Shein dans le collimateur des acteurs français du commerce et d’une partie de l’opinion publique. Ces plateformes sont accusées de fragiliser le commerce local en France, tout en saturant le marché de produits éphémères. Selon le secteur, les colis provenant de plateformes asiatiques représentent désormais 22 % des volumes traités par La Poste, contre seulement 5 % il y a quelques années.
Ce partenariat pourrait accentuer la concentration des flux logistiques sur ces géants étrangers, soulevant des questions sur l’impact environnemental, social et économique de ce modèle, malgré les ambitions de durabilité affichées par La Poste.
