Le gouvernement français à récemment lancer une enquête sur l’existence d’une « taxe rose » ou "Woman Tax", après la publication d’une enquête montrant que les produits de consommation quotidienne destinés aux femmes coutent systématiquement plus chers que ceux destinés aux hommes. Même lorsqu’ils sont pratiquement identiques. « On s’est rendu compte que sur des produits de la consommation quotidienne, les femmes étaient systématiquement taxées », raconte Gaëlle Couraud, du collectif féministe Georgette Sand. Pour prouver que les femmes payent plus cher que les hommes des produits identiques, le collectif féministe Georgette Sand a arpenté les rayons des Monoprix, calculette et appareil photo à la main. Les militantes ont ainsi constaté qu’acheter un rasoir au rayon "beauté" revenait deux fois plus cher à une femme et ce alors que seul l’emballage - bleu ou rose - changeait. Le même constat a été fait pour les déodorants Narta et les brosses à dents Sanogyl plus grandes pour les hommes… mais moins cher de 16 centimes. Pierre-Louis Desprez, expert en marketing, salue l’initiative du collectif Georgette Sand qu’il juge intéressante. "C’est typiquement le genre de pratique qui dessert le marketing et qui nuit à l’image du métier". "La segmentation des marchés est une pratique normale", estime encore le directeur associé de Kaos consulting, "mais avec cette affaire de taxe rose, mon sentiment est qu’il s’agit plutôt de mauvais marketing, voire de ghettoïsation. Il s’agit de laisser penser à un consommateur, en l’occurrence une consommatrice, qu’elle est une cliente à part, en lui vendant un produit sur mesure. Dans la plupart des cas, c’est bien ce dont il s’agit. Généralement, un rasoir féminin n’a pas le même usage et donc pas la même forme qu’un rasoir pour homme. Mais dans certains exemples cités, il semble plutôt s’agir d’une tromperie." Pierre-Louis Desprez précise que les femmes ne sont pas les seuls consommateurs touchés. "On pourrait prendre l’exemple des sportifs à qui les grandes surfaces spécialisées n’hésitent pas à vendre des produits de nutrition qui sont vendus ailleurs à des tarifs bien inférieurs. Là encore, on profite de l’effet ghetto. C’est ce que j’appelle un marketing qui se moque du monde". Le problème n’est pas uniquement français. De l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis, la question soulève déjà de nombreuses protestations : la surtaxe payée par les femmes s’élève là-bas à plus de 1.000 euros par an.
