Google a lancé cette semaine Gemini 3, son modèle d’intelligence artificielle générative et multimodal le plus avancé, intégré aux outils Firefly et Photoshop d’Adobe. Disponible depuis le 21 novembre aux États-Unis, Gemini 3 affiche des performances remarquables, surpassant certains concurrents selon plusieurs benchmarks et observateurs du secteur. Mais au-delà de la prouesse technique, ce lancement pourrait transformer la dynamique financière et stratégique du marché de l’IA.
À la différence de la plupart des acteurs, qui dépendent encore des cartes graphiques Nvidia pour entraîner leurs modèles, Google a conçu Gemini 3 uniquement sur ses propres puces TPU, en collaboration avec Broadcom. Aucun GPU Nvidia n’a été utilisé dans l’entraînement, offrant à Google une autonomie totale sur l’infrastructure et les performances, et remettant en question le rôle central de Nvidia dans l’écosystème IA.
Cette indépendance soulève de nouveaux enjeux pour le marché. Les entreprises qui continuent de s’appuyer sur Nvidia restent liées à un fournisseur unique, souvent également investisseur dans leur développement. Jusqu’ici, cette dépendance concentrant la valeur sur les fabricants de GPU, limitait la marge de manœuvre des acteurs de l’IA. Gemini 3 prouve qu’il est possible d’atteindre des performances supérieures sans recourir aux GPU tiers.
Pour Nvidia, ce changement pourrait s’avérer préoccupant. Le géant des cartes graphiques bénéficiait jusqu’à présent d’une position quasi monopolistique. Si d’autres entreprises suivent l’exemple de Google et développent leur propre infrastructure, les ventes et marges de Nvidia pourraient être affectées, avec des conséquences sur l’ensemble de l’écosystème. Google envisage même de proposer ses TPU à des entreprises tierces, accentuant cette redistribution de la valeur.
Le lancement de Gemini 3 illustre également une évolution de la capture économique dans l’IA. Google concentre désormais une part importante des revenus grâce à ses abonnements Google AI et Workspace, et ses partenariats logiciels, là où auparavant une grande partie des bénéfices était absorbée par l’achat de GPU Nvidia, dont la marge brute avoisine les 70 %.
Avec Gemini 3, Google montre qu’il est possible de créer un modèle de pointe, plus rapide et plus autonome, tout en redéfinissant les règles du jeu technologique et économique dans l’intelligence artificielle.
