L’association Greenpeace a dévoilé une nouvelle campagne nationale visant à alerter sur la restriction croissante du droit de manifester au Royaume-Uni et à demander au gouvernement d’abroger la législation anti-manifestations.
Cette initiative, développée en partenariat avec Amnesty International Royaume-Uni, Les Amis de la Terre et Liberty, s’appuie sur une étude récente révélant une forte hausse des arrestations liées à la manifestation à Londres depuis 2019. En effet, plus de 600 personnes ont été interpellées pour « complot en vue de troubler l’ordre public », mais seules 18 d’entre elles ont été inculpées. Ce décalage interpelle sur l’usage excessif de mesures policières contre les manifestants.
Janette Hall, responsable de la création de campagne chez Greenpeace Royaume-Uni, alerte : « Notre droit démocratique de manifester est rapidement érodé, avec de graves conséquences qui ne sont pas toujours visibles. » Elle souligne le caractère presque dystopique de la situation actuelle, en imaginant un futur où « les panneaux d’affichage seraient le dernier endroit où manifester sans crainte d’être arrêté ».
La campagne, baptisée « Ils ne peuvent pas arrêter ce panneau d’affichage », a été conçue par l’agence Elvis et a remporté l’or dans la catégorie « organismes à but non lucratif » lors du concours annuel de création numérique d’Ocean Outdoors. Elle prendra la forme d’une manifestation virtuelle diffusée à partir du 3 juillet sur des écrans situés dans plusieurs grandes villes britanniques, notamment Birmingham, Manchester et Londres.
Sur ces panneaux, six militants engagés dans diverses causes sociales et environnementales portent des pancartes où l’on peut lire : « Je manifeste ici pour éviter d’être arrêtée là-bas ». Parmi eux figurent Jen Reid, militante Black Lives Matter, Khalid Abdullah, défenseur des droits palestiniens, ou encore le Dr Helen Salisbury, défenseuse du NHS.
La campagne intègre également des codes QR permettant d’accéder à des informations détaillées sur le projet de loi controversé sur la criminalité et le maintien de l’ordre, actuellement en débat au Parlement britannique. Elle s’accompagnera d’une série d’interviews diffusées sur les réseaux sociaux, donnant la parole à des militants et à des citoyens.
Jen Reid rappelle la réalité vécue par de nombreux manifestants : « Le mouvement antiraciste est depuis longtemps confronté à des abus de pouvoir de la police pour réprimer les manifestations, et cela a un effet dissuasif. Il faut un véritable courage pour faire entendre sa voix quand on sait qu’on a peu de chances d’être traité équitablement devant la loi. »
Face à ces enjeux, Greenpeace et ses partenaires appellent à une mobilisation pour garantir le respect des libertés fondamentales et protéger le droit d’expression publique, pilier de toute démocratie vivante.