Ces dernières semaines, plusieurs médias influents ont décidé de suspendre leurs activités sur X (anciennement Twitter), invoquant des préoccupations grandissantes liées à la désinformation, au harcèlement en ligne et à la violence verbale. Ce choix s’inscrit dans un contexte de critiques croissantes envers la plateforme et son manque de régulation, un problème exacerbé par des décisions controversées de gouvernance.
Ouest-France, par exemple, a annoncé son retrait pour des raisons éthiques. La rédaction a expliqué que cette décision visait à préserver son intégrité dans un environnement où la régulation des discours problématiques reste insuffisante. Ce départ intervient également dans un climat marqué par des critiques sur le rôle de Elon Musk, récemment associé à des fonctions politiques sous l’administration de Donald Trump, ce qui alimente les craintes d’une politisation accrue de la plateforme.
D’autres acteurs médiatiques ont suivi cette voie. Des journalistes indépendants et des petites rédactions se tournent vers des plateformes alternatives qui prônent davantage de sécurité et de contrôle des contenus, telles que Bluesky et Mastodon. Ces réseaux émergents offrent une approche décentralisée, permettant aux utilisateurs de personnaliser leur expérience et de fuir les environnements toxiques.
Parmi les alternatives, Bluesky, fondée par Jack Dorsey, ancien PDG de Twitter, propose un modèle qui repose sur une modération accrue et un contrôle individuel renforcé des interactions. De son côté, Mastodon fonctionne via le Fediverse, une infrastructure décentralisée qui encourage la création de communautés autonomes, offrant ainsi un espace moins soumis aux algorithmes dominants.
Ces choix marquent un engagement fort des médias envers une information fiable et éthique. La désinformation et les discours de haine, omniprésents sur X, sont dénoncés comme des menaces directes à la crédibilité des institutions médiatiques. En quittant X, des médias comme Ouest-France entendent également protéger leurs équipes de journalistes, souvent ciblées par des campagnes de harcèlement en ligne.
Cependant, cette migration soulève des questions pratiques. En quittant X, ces médias risquent de perdre une partie de leur audience, bien que certains estiment que cette décision est nécessaire pour préserver leur intégrité éditoriale. D’autres, comme certains journalistes influents, préfèrent simplement suspendre leurs comptes pour éviter le cybersquatting, une pratique qui permettrait à des tiers de récupérer leurs pseudonymes à des fins malveillantes.
Pour les utilisateurs et les influenceurs, ce mouvement représente une opportunité de réévaluer leur présence en ligne. Alors que certains hésitent encore à abandonner X en raison de leur capital social accumulé, d’autres trouvent dans ces nouvelles plateformes une chance de repartir à zéro, dans un environnement plus respectueux. Par exemple, la journaliste Salomé Saqué, suivie par plus de 210 000 personnes, a quitté X pour rejoindre Bluesky, illustrant une transition qui gagne en popularité.
Les organisations professionnelles de presse, quant à elles, s’organisent pour soutenir cette transition. Certaines envisagent de créer leurs propres instances sur Mastodon, offrant ainsi des espaces dédiés aux échanges professionnels, loin des dérives constatées sur X.
Ce mouvement amorce une nouvelle dynamique dans l’écosystème des réseaux sociaux. Les départs massifs de médias et de personnalités publiques pourraient entraîner une transformation profonde des plateformes numériques, où la sécurité, l’éthique et la qualité de l’information prendraient enfin le pas sur les logiques purement commerciales.