Ce 17 avril, à l’occasion de la Journée du salarié, l’organisation féministe belge ZIJkant, en collaboration avec l’agence mortierbrigade, a lancé une campagne publicitaire à la fois drôle et percutante.
Au centre du spot de 90 secondes, réalisé par Lionel Goldstein, figure Jef, un patron autoproclamé “féministe” et élu “Manager de l’année”. Avec un cynisme assumé, il explique son succès : son équipe est composée exclusivement de femmes… parce qu’elles coûtent, selon lui, “20 % moins cher que les hommes”. Une satire grinçante qui met en lumière une réalité persistante : en Belgique, les femmes continuent de gagner en moyenne 20 % de moins que leurs collègues masculins, un écart qui ne s’est que légèrement réduit depuis l’année précédente.
Le film met en scène un patron satisfait de sa “formule gagnante”, distribuant des roses au lieu de primes et animant des séances de motivation absurdes. Derrière l’humour noir et l’ironie, le spot dénonce le sexisme systémique et l’indifférence de certains employeurs face à l’égalité salariale.
Pour ZIJkant, cette campagne vise à rappeler que ces inégalités ne sont pas des erreurs ponctuelles, mais des caractéristiques intégrées au fonctionnement actuel du marché du travail. Si les femmes démarrent souvent leur carrière avec un avantage académique, elles se heurtent rapidement à des obstacles : responsabilités familiales mal réparties, promotions limitées et plafonds de verre. L’organisation réclame des mesures concrètes : semaine de travail réduite, congé paternité prolongé, transparence salariale et réforme des services de garde d’enfants, autant de leviers pour favoriser une réelle égalité professionnelle.
Cette initiative fait suite à la campagne “An Inconvenient Question” lancée l’an dernier par ZIJkant, qui avait déjà suscité un vif débat. En utilisant cette fois les codes du marketing d’entreprise pour les retourner contre eux-mêmes, l’organisation cherche à provoquer le rire tout en incitant à la réflexion et au dialogue. Julie Van Garsse, directrice de ZIJkant, résume l’enjeu : “Il ne s’agit pas seulement d’égalité hommes-femmes, mais de respect pour le travail de chacun et chacune.”
