Un mot, un choc, une urgence. Pour la première fois de son histoire, Sidaction abandonne temporairement son nom pour devenir “Sidération”. Un geste inédit, à la hauteur de l’inquiétude qui traverse aujourd’hui le monde humanitaire, confronté à la réduction annoncée de l’Aide publique au développement (APD) dans le budget 2026.
Un signal politique fort
Depuis près de trente ans, Sidaction incarne la lutte contre le VIH, finançant à la fois la recherche scientifique et les associations de terrain. Mais la baisse de l’APD menace directement cette double mission : moins de dépistages, moins de prévention, moins de soins.
« Réduire les financements, c’est condamner des vies », rappelle l’organisation, qui dit ne plus pouvoir rester silencieuse face à ce recul de la solidarité internationale.
Changer de nom devient alors un acte militant.
« Face au recul de la solidarité, nous étions prêts à aller jusque-là », confie Florence Thune, directrice générale de Sidaction. « C’est un geste fort, à la hauteur de l’urgence. »
Une campagne choc signée joga
L’opération, orchestrée par l’agence joga, joue sur la stupeur : le mot “Sidération” s’affiche dans les transports, la presse nationale (Le Monde, Le Parisien) et sur les réseaux sociaux. Le visuel détourne le logo historique de l’association, comme pour mieux traduire ce moment d’incrédulité collective.
Un mot unique, pour exprimer le désarroi d’un secteur humanitaire en perte de repères, face à ce qu’il perçoit comme une indifférence politique croissante.
De la sidération à l’action
Derrière le symbole, l’enjeu est vital. Sidaction rappelle qu’elle reste la seule structure française à financer simultanément la recherche et le terrain, en France comme à l’étranger.
Son message dépasse le VIH : il interroge la place que la société accorde encore à la solidarité internationale à l’heure des restrictions budgétaires.
Car “Sidération”, au-delà du choc, se veut aussi un appel à réveiller les consciences.
Un cri d’alarme, sobre mais implacable : l’indifférence tue aussi.
