Trench légendaire, imprimé à carreaux iconique, ciel nuageux : Burberry est une incarnation intemporelle de l’élégance britannique. Mais pour l’été 2025, la maison londonienne fait un pas de côté et s’immerge dans l’univers brut, bruyant et boueux des festivals, avec une campagne qui mêle style et mémoire collective. Réalisé par Kim Gehrig, Festival est un film aussi vibrant qu’émouvant, hommage appuyé à la scène musicale et à l’attitude désinvolte des années 90.
Une immersion stylisée dans l'esprit des festivals
Pensé comme un patchwork d’images mêlant archives et prises de vue contemporaines, Festival transporte le spectateur au cœur d’un week-end typiquement britannique : caprices météorologiques, rires mouillés, scènes exaltées et nuits sans fin. On y croise une distribution éclatante : de figures iconiques comme Liam Gallagher, Goldie ou Cara Delevingne, à une nouvelle génération représentée par les enfants Gallagher et Molly Moorish-Gallagher.
L’esthétique du film tranche volontairement avec les codes polis de la mode : grain épais, plans désordonnés, regards fatigués, mais sincères. La bande-son, portée par le morceau culte Sweet Harmony du groupe Liquid, évoque une époque révolue mais toujours vivace dans l’imaginaire collectif. En puisant dans cette nostalgie sonore, Burberry évite la caricature et ravive une émotion partagée.
Entre patrimoine de rue et retour aux sources
Loin d’être une simple opération marketing, cette campagne vient rappeler que Burberry est depuis longtemps ancré dans le paysage culturel britannique. Le motif à carreaux, autrefois symbole de luxe, s’est progressivement glissé dans les ruelles de Manchester ou les festivals de Glastonbury. Comme le résume Goldie dans le film : « Tu le vois sous une casquette, à l’intérieur d’une veste… puis il prend le dessus. »
Cette connexion historique avec la rue et la scène musicale n’est pas feinte. En rééditant le parka emblématique porté par Liam Gallagher en 2018, Burberry réactive une pièce culte, fidèle à l’esprit du film. Cette démarche s’inscrit dans une tendance forte de l’industrie : faire revivre les archives tout en leur insufflant une pertinence contemporaine.
Une mode connectée à la culture, pas au passéisme
La réussite de cette campagne réside dans son équilibre subtil entre mémoire et modernité. En reconstituant l’atmosphère authentique d’un festival britannique, entre boue, beat et bière tiède, Burberry ne se contente pas de faire vibrer la corde sensible. Il affirme une vision de la mode profondément connectée à la culture, au vécu, à l’émotion.
Sous l’impulsion de Daniel Lee, directeur de la création, la maison poursuit sa transformation. Moins élitiste, plus ancrée, Burberry s’adresse désormais à une jeunesse avide d’authenticité et de narration. Le luxe devient moins un costume qu’un langage, capable de dire quelque chose de vrai sur l’époque.
Une vibration collective, bien au-delà du vêtement
Dans un contexte où les festivals refont le plein après des années de restrictions, Festival résonne comme une célébration sincère d’un retour à la vie, au collectif, à l’instant partagé. Burberry ne vend plus uniquement un trench ou un motif : il propose un souvenir, une ambiance, une identité culturelle à enfiler.
Avec cette campagne audacieuse, la marque prouve qu’elle sait écouter son époque sans se trahir, et qu’elle peut conjuguer passé et présent sans fausse note. Un pari réussi, à la croisée du style et de la mémoire.