À l’ère des réseaux sociaux, publier une photo de son enfant dans un moment tendre ou amusant semble anodin. Pourtant, ces publications peuvent cacher un danger bien réel. Pour alerter les parents sur les conséquences parfois dramatiques du sharenting — cette tendance à partager publiquement des images et vidéos de ses enfants — la Child Rescue Coalition (CRC) s’associe à l’agence David&Goliath Brooklyn pour lancer une campagne percutante : « Watch What You Post. They Are. »
À l’occasion du Mois National de la Prévention des Abus envers les Enfants, la campagne met en lumière un fléau en constante croissance : l’exploitation sexuelle des mineurs en ligne. En cinq ans, les crimes de grooming numérique — soit la manipulation des enfants par des prédateurs via Internet — ont augmenté de 82 % selon l’organisme britannique NSPCC. On estime aujourd’hui à 500 000 le nombre de prédateurs qui parcourent quotidiennement les plateformes sociales à la recherche de contenus d’enfants vulnérables.
Des images familières… et une présence inquiétante
Le cœur de la campagne repose sur trois vidéos percutantes diffusées sur Instagram. De brèves scènes du quotidien — le bain, le coucher, l’apprentissage de la propreté — sont entrecoupées d’ombres inquiétantes, évoquant la présence invisible de regards malveillants.
En parallèle, une série de spots radio d’une minute, diffusés sur des podcasts parentaux populaires, met en scène des témoignages troublants : des voix masculines évoquant des souvenirs attendrissants… jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il ne s’agit pas de pères, mais de prédateurs qui connaissent intimement des enfants qu’ils n’ont jamais rencontrés.
Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Les statistiques sont glaçantes :
- 1 enfant sur 7 sera contacté par un prédateur en ligne.
- 1 sur 25 acceptera une rencontre.
- 75 % des parents publient régulièrement des contenus de leurs enfants.
- En 2022, 25 millions de contenus pédopornographiques ont été signalés sur Facebook et Instagram.
- Selon CRC, 85 % des consommateurs de ces contenus deviennent des abuseurs physiques.
Et souvent, tout commence par une simple photo de famille.
« Un appel au réveil, pas à la culpabilisation »
Greg Schiller, directeur de la Child Rescue Coalition, insiste : « Nous ne voulons pas pointer du doigt les parents. Nous voulons simplement les inciter à réfléchir avant de publier, pour éviter des conséquences qu’ils n’avaient jamais imaginées. »
Du côté de David&Goliath, l’approche se veut empathique et responsable. « Il était crucial d’éviter de stigmatiser les parents », souligne Avi Pinchevsky, directeur de la création. « Notre objectif était de susciter une prise de conscience, non de la peur. »
Une campagne multicanal, un message clair
Avec ses affiches choc, ses vidéos poignantes et ses spots audio dérangeants, « Watch What You Post. They Are. » interpelle avec puissance, sans jamais tomber dans la morbidité. Un équilibre difficile à atteindre, mais nécessaire pour générer une prise de conscience sans culpabiliser.
Tout au long du mois d’avril, la campagne se déploiera sur les réseaux sociaux, les plateformes audio, les panneaux d’affichage et les supports numériques. Le message est simple mais vital : avant de publier, réfléchissez. Les prédateurs, eux, regardent déjà.