Grâce à l’intelligence artificielle (IA), les mystères des textes anciens se dévoilent peu à peu, révélant des pans inconnus de l’histoire humaine. En combinant des avancées technologiques inédites avec la passion des chercheurs, des écrits longtemps considérés comme perdus ou inaccessibles sont désormais décryptés, révolutionnant les sciences humaines.
Une percée révolutionnaire dans les études anciennes
L’exemple le plus marquant est celui des rouleaux carbonisés d’Herculanum, enterrés sous les cendres de l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C. Ces fragments, impossibles à manipuler physiquement sans les endommager, ont été étudiés grâce à des techniques d’« imagerie virtuelle » et d’IA. En 2023, Federica Nicolardi, une papyrologue italienne, a réussi à lire des fragments de texte grec parfaitement conservés grâce à des outils d’analyse basés sur des algorithmes d’apprentissage profond.
« C’est un tournant historique pour notre discipline », explique Nicolardi, émerveillée par cette avancée qui donne une nouvelle vie à ces écrits enfouis depuis des millénaires.
L’IA, un outil clé pour percer les secrets des archives
Les chercheurs s’appuient sur des réseaux neuronaux avancés pour analyser des textes illisibles. Ces modèles détectent les variations infimes entre l’encre et les fibres du support, permettant ainsi de reconstituer des lettres invisibles à l’œil nu. Par exemple, le projet Ithaca de l’Université d’Oxford utilise l’intelligence artificielle pour combler les lacunes des inscriptions grecques et a considérablement augmenté la précision des experts.
Ces technologies ne se limitent pas au déchiffrage. Elles identifient également l’origine, la datation et parfois même le contexte culturel des textes étudiés, offrant une perspective multidimensionnelle sur l’histoire.
Une exploration mondiale des archives
Les innovations dans ce domaine ne se cantonnent pas à l’Antiquité méditerranéenne. En Corée, les chercheurs utilisent l’IA pour traduire les Annales des rois Joseon, une collection monumentale rédigée en hanja, une écriture ancienne. Grâce à un modèle multilingue, des traductions modernes, plus précises et accessibles, sont désormais possibles, réduisant considérablement le temps requis pour analyser ces documents.
Le futur des études historiques
Des initiatives comme le Vesuvius Challenge démontrent l’impact croissant de l’IA. En 2024, ce projet a permis de déchiffrer 16 colonnes d’un rouleau antique, incitant les chercheurs à développer des outils encore plus performants pour explorer les centaines de rouleaux non étudiés.
Brent Seales, l’un des leaders de ce domaine, prévoit d’appliquer ces techniques à d’autres archives, comme des reliures médiévales ou des textes gravement endommagés. Selon lui, l’IA pourrait nous rapprocher d’une découverte majeure : la lecture complète des bibliothèques d’Herculanum.
Une nouvelle lecture de l’histoire
L’intelligence artificielle transforme les études historiques et archéologiques en rendant accessibles des trésors inestimables. En décryptant des textes invisibles, elle permet non seulement de mieux comprendre le passé, mais aussi de revaloriser l’héritage culturel mondial. L’histoire, longtemps figée dans l’ombre des siècles, renaît désormais grâce à ces technologies d’avenir.
