L’adoption de l’intelligence artificielle (IA) par les rédactions reste timide, révèle une étude réalisée en septembre 2024 par l’agence de relations presse Oxygen. Sur les 1 500 journalistes interrogés, la majorité préfère une approche limitée à des tâches spécifiques, en raison de préoccupations éthiques et d’un manque de fiabilité perçue. Ces résultats confirment que l’IA, bien qu’elle transforme de nombreuses industries, est accueillie avec méfiance dans le secteur du journalisme, où la créativité et l’expertise humaine sont essentielles.
Des usages limités aux tâches techniques
L’étude montre que 51,8 % des journalistes n’utilisent pas l’IA pour rédiger leurs articles, privilégiant l’intervention humaine pour garantir rigueur et authenticité. Parmi ceux qui s’en servent, la majorité ne l’intègre que dans moins de 25 % de leur production. L’IA se révèle plus utile dans des tâches telles que l’analyse de données complexes (18,5 %) ou la recherche et la vérification des faits (17,2 %). Toutefois, seuls 11,1 % des professionnels sondés déclarent avoir recours à la rédaction automatisée, un usage encore marginal.
Préoccupations éthiques et manque de directives
La prudence des journalistes s’explique principalement par des considérations éthiques. L’étude souligne que 61,7 % des répondants craignent que l’usage de l’IA nuise à l’intégrité journalistique. Par ailleurs, 43,2 % ont signalé des problèmes de fiabilité avec les informations fournies par ces outils, une problématique reconnue par de nombreux éditeurs, qui alertent sur les limites des contenus générés automatiquement.
« L'IA ne peut pas remplacer l’essence même du journalisme, qui repose sur la sensibilité humaine et l’analyse critique », souligne Alexis Noal, responsable de l’étude chez Oxygen. La crainte que certaines fonctions soient automatisées à l’avenir alimente également le scepticisme, avec 50,6 % des journalistes inquiets à l’idée de voir certaines tâches centrales de leur métier remplacées.
Un cadre réglementaire encore flou
L’étude révèle un manque d’encadrement dans l’utilisation de l’IA par les rédactions. Bien que des médias comme Le Monde ou Les Échos aient instauré des chartes internes sur l’usage de l’intelligence artificielle, 64,2 % des journalistes indiquent que leur rédaction n’a pas encore adopté de directives claires. Cette absence de règles laisse chaque professionnel évaluer, à sa discrétion, l’éthique et les risques associés à ces outils.
Les journalistes appellent à des actions concrètes, comme la mise en place d’un contrôle systématique des contenus produits par l’IA (43,2 %) et des programmes de sensibilisation sur les limites de ces technologies (40,7 %). En l’absence de garde-fous institutionnels, les risques de dérives demeurent un sujet de préoccupation.
Un futur incertain mais collaboratif
L'étude révèle également une division parmi les journalistes sur l’impact futur de l’IA. Si 46,9 % estiment que cette technologie changera modérément leur profession, 16 % envisagent une transformation profonde. « L’IA peut faciliter certaines tâches et améliorer l’efficacité des journalistes, mais elle ne remplacera jamais la compréhension humaine », conclut Alexis Noal.
Avec cette adoption prudente, l’intelligence artificielle semble destinée à rester un outil d’appoint dans les rédactions, permettant d’automatiser certaines tâches sans compromettre l’essence du métier journalistique.