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Campagne électorale et Covid-19

Campagne électorale et Covid-19

ON AIR DOSSIER SPÉCIAL US ELECTIONS Campagne électorale et Covid-19 Dès mars dernier, l’épidémie a poussé l'équipe de campagne du candidat démocrate à abandonner les réunions et à réduire Vinteraction avec le public. L'approche des élections n'a pas changé la donne. Un sondage publié par Ipsos sur le site Axios le 20 octobre a montré que pour 92 % des répondants, participer à des rassemblements politiques était « dangereux », alors que pour 58 % des répondants, c’était un risque majeur. LA POLITIQUE DE SIGNALEMENT DE TWITTER ET FACEBOOK Donald Trump a ouvert une nouvelle ère : la démocratie au temps des réseaux sociaux. Le président sortant a plus gouverné avec Twitter et Facebook qu’avec l’élite administrative du pays - ceux que John Kennedy appelait « les meilleurs et les plus intelligents ». Donald Trump s’est servi des réseaux sociaux pour façonner cette image d’« homme fort qui va protéger l’Amérique du monde extérieur » - pour reprendre l’expression de la politologue Sylvie Laurent. Il a à sa disposition une machine à répandre et à diffuser en masse ses messages, qu’ils soient vrais ou faux. Trump disposait d’un puissant projecteur de sa représentation du monde : les réseaux sociaux, qui, eux, ne vont pas le contredire. Pointés du doigt pour leur modération médiocre, Twitter et Facebook ont commencé à réagir en début d’année 2020 en mettant en garde les utilisateurs contre des publications de Donald Trump jugées trompeuses. « Une partie ou la totalité du contenu partagé dans ce Tweet est contestée et susceptible d’être trompeuse quant au mode de participation à une élection ou à un autre processus civique », a publié le réseau social sur le tweet du président, rapidement après sa publication. INFLUENCEURS ET COMMUNICATION POLITIQUE Avec l’émergence des nouveaux réseaux socionumériques, ces acteurs issus du marketing digital opèrent en prescripteur relatif pour toucher des groupes particulièrement larges, notamment chez les jeunes. TikTok, Snapchat, Instagram, autant de nouveaux espaces dont les usages bousculent les codes de la communication classique - et la stratégie à élaborer par les candidats. L’histoire de la rupture remonte à l’élection de Donald Trump. De nombreuses personnalités publiques ont condamné son élection et tenté de faire prendre conscience du tort qu’elle a causé. C’est un sujet traditionnellement porté par les chanteurs et les acteurs, mais les influenceurs qui reçoivent de l’attention tous les jours - parfois suivis par des dizaines, voire des millions de personnes- ont porté leurs voix, devenues parfois plus fortes que les personnalités publiques de 1’ « ancien temps ». La mobilisation au printemps 2020 autour du hashtag Black Lives Matter donne un bon exemple de ces nouvelles formes de prise de parole et de politisation par les réseaux. Entre le 26 mai et le 7 juin 2020, le hashtag a été utilisé plus de 47,8 millions de fois, devenant le deuxième plus relayé surTwitter. Dans la période allant de novembre 2019 à septembre 2020,3 % des utilisateurs américains ayant un compte public ont publié avec ce hashtag selon l’enquête du Pew Researcher Center. Mais c’est sur Instagram que l’engouement autour de ce sujet a été le plus inattendu: The NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) a vu son nombre de followers augmenter de plus 1 million en l’espace de quelques mois et Black Lives Matter Los Angeles est passé de 40000 followers sur Instagram à 150000 en quelques semaines. Une activiste du compte Justiceforgeorgefloyd soutient ainsi dans un article de Recode « En pleine campagne présidentielle, nous devons aller là où sont les gens, et ils sont sur Instagram ». Les réseaux sociaux sont aujourd’hui des lieux incontournables pour les militants. Le blog Digimind qui agrège des données concernant les réseaux sociaux rapporte que « Twitter a dépassé mercredi 3 juin 2020 son record d’installations de l’application avec 677 000 téléchargements dans le monde. Le chiffre des téléchargements aux États-Unis (140000) est le deuxième record du nombre d’installations quotidiennes depuis la naissance de Twitter. Ces records sont dus aux nombreux tweets sur la pandémie de coronavirus et relatifs aux protestations liées à la mort de George Trump s’épanouit dans i’ère de la post-vérité qu’installe le numérique. Floyd aux USA ». Les moments où la population prend position sont des moments où les personnes se tournent de plus en plus naturellement vers les réseaux sociaux, tant pour communiquer que suivre ce qui se dit. Ces pics de politisation vont de pair avec un rapport plus intense aux réseaux sociaux, faisant d’eux des espaces incontournables et alternatifs aux canaux traditionnels plus fermés et moins immédiats: chaînes d’information, blogs... LA GUERRE DES SPONSORISATIONS À l’approche des élections présidentielles américaines de 2020, Donald Trump devançait son rival en matière de dépenses publicitaires sur Internet. Au cours du mois d’août, le montant hebdomadaire dépensé par le président sortant des États-Unis pour gagner la bataille d’influence sur le Web est passé d’environ 8 millions de dollars à plus de 12 millions dollars. Au total, depuis le début du mois de mai, il accumule déjà 90 millions de dollars de dépenses de publicité en ligne, contre 50 millions pour le candidat démocrate. Mais au fil des semaines, Joe Biden s’est montré de plus en plus actif sur Internet et a cherché à rattraper son retard à deux mois des élections. À l’image de son opposant républicain, ses dépenses publicitaires ont grimpé en flèche au cours du mois d’août. Alors qu’elles s’élevaient à moins de 2 millions de dollars par semaine en juillet, ces dernières ont atteint les 10 millions de dollars durant la semaine s’achevant le 22 août. Le budget hebdomadaire combiné des deux candidats à la Maison Blanche (plus de 22 millions de dollars) a atteint le niveau des dépenses publicitaires en ligne mensuelles dans un pays comme le Portugal. Au cours des deux dernières décennies, l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux en a fait des outils de communication d’importance stratégique dans le domaine politique. Et Donald Trump l’avait bien compris lors de la campagne de 2016, lui qui déclarait à propos de sa victoire : « sans Twitter, je ne serais probablement pas là. J’ai près de cent millions d’abonnés sur Facebook, TMtter et Instagram. J’ai mon propre média. » ♦